REVOLUTIONSKRIEGE IN WESTDEUTSCHLAND - MOREL, “Republikaner“. Mit einer gewissen Wahrscheinlichkeit handelt es sich um eben jenen Capitaine beim 1. Bataillon des Jura, der auch einen Nekrolog von Marat veröffentlichte (Éloge funebre de Jean Paul Marat, député à la Convention nationale; prononcé à Schiltigheim le 26 brumaire et a Strasbourg dans le temple de la raison, par le Citoyen Morel, capitaine au premier bataillon du Jura). - Brief an Bürger Reverchon, Amtsdiener, in Saint-Claude (Jura), Frankreich. LIMBACH (bei KIRN - nach Lage der Moselarmee zu dieser Zeit), 8. April II [1793]. 3 ¼ S. Fol., Adresse m. Stempel ARMEE DU RHIN, Falzen teilweise repariert.
Mon ami, Hé bien, es-tu convaincu de la scéleratesse de DUMOURIER ? Il vient de jetter le masque, toute la noirceur de son ame est à découvert, qu’en penses-tu ? Te trompois-je, lorsque je te mettois en garde contre ce géneral perfide ? Relis mes lettres, et tu verras que, depuis plus de six mois je soupconnois son patriotisme et ses intentions. Ce scélerat ! Sa conduite ne justifie que trop les méfiances et les declamations des patriotes. Quelle insolence ! Quelle audace ! Quelle témerité ce monstre fait paroitre ! Fort de l’appui des tyrans ligués dont il est le valet mercenaire, il pense anéantir la liberté francoise et donner des loix à la République ! Vil intrigant que la passion et le crime aveuglent, as-tu donc oublié le sort déplorable de LA FAYETTE dont tu suis les traces ? Ne sais-tu pas que le bonnet de la liberté est soutenu par la main sacrée de la providence et par la pique invincible d’un peuple tout-puissant ? Vas ! miserable, tu n’es pas au bout de tes projets plus …[ ?] encor que criminels. Quelque soit le nombre de tes partisans, quelleque soit leur audace, quelleque soit leur force, tu ne parviendras pas a te dérober au supplice du à ta scéleratesse et à ta perfidie. En vain tu comptes sur cette faction execrable qui, du sanctuaire des loix et de la liberté a dirigé le fil de tes intrigues et de tes trahisons ; son masque est tombé avec le tien, et les Brissot, les Vergniaud, les Guadet etc. et autres complices de tes crimes, ne tarderont pas à participer aux châtimens qui te sont r…[ ?] En vain tu comptes sur ton état major. Cet assemblage de brigands n’en imposera pas longtemps à nos braves freres d’armes qui certes, sois en bien sur, ne se laisseront pas mener par la lisiere. Tu les crois dévoués à ta personne ; pauvre homme, tu connois bien peu les soldats de la liberté ; on peut les égarer un instant, mais les faire servir s…[ ?] et de gré à protéger le crime et la tyrrannie, n’est pas une coix possible aux plus habiles scélerats (…) [etc. etc. dans ce style]
Mon ami, l’orage gronde sur not têtes, la tempête est terrible, la tyrrannie va porter son dernier coup, son coup de désespoir. C’est à nous de l’attendre et de le parer. Montrons un front d’…[ ?] à l’aristocratie, déconcertons la par notre contenance ferme et que notre bras tout puissant l’ecrase enfin et sous miséricorde. Il n’y a pas qu’une mérite à créer, vive la Liberté, vive la République au sein des victoires et de la prospérité ; c’est au milieu des revers, au fort des ouragais que ces cris sacrés doivent se faire entendre plus fortement que jamais (…) [etc.]
Les nouvelles du Rhin seront des plus interessantes dans quelques jours. L’ennemi est très près d’ici. Il rode aux environs de LANDAU, qu’il ne prendra jamais, à moins que la trahison ne lui en ouvre les portes, mais je ne crois pas qu’un nouveau crime viendra augmenter la crise difficile où nous trouvons. Au reste je n’en réponds pas, tant que nous aurons des nobles à la tête de nos armées, mon esprit sera toujours dans l’incertitude. CUSTINES fut ici hier. Il donna beaucoup d’eloges à notre bataillon et le proposa pour modele à l’onzieme bataillon du DOUBS avec qui nous faisons le service. Je ne sais encor que penser de ce general. Il a du bon et du mauvais. Il a fait de bonnes actions, il en a fait des mauvaises ou tout au moins a-t-il commis quelques fautes. Je ne parlerai pas de la reprise de FRANCFORT qu’il auroit pu prévoir et éviter en évacuant la place. Il savoit bien que la place étoit pas tenable, pourquoi n’a-til pas fait emmener les munitions et l’artillerie de cette ville dans MAYENCE dont il vouloit faire le boulevard de la liberté gérmanique (ce sont ses termes) ? Je ne parlerai pas non plus de cette multitude de trompettes qu’il envoyoit et recevoit quelques jours avant la reprise de cette ville. Cependant cette correspondance avoit quelque chose de réprehensible ; je n’aime point que les généraux aient des rélations avec les tyrans qui nous font la guerre. Je me rappelle quelles ont été les suites funestes de la conversation de DUMOURIER avec le ROI DE PRUSSE, et la position où nous nous trouvons, fournit matiere à reflexions. Mais ce qui vient de se passer dans le PALATINAT, me fournit quelques idées que je vais dévellopper. Je pense par exemple qu’on n’auroit pas du confier le commandement des avant-postes à Vimpfen [WIMPFFEN] qu’on savoit être un étranger et qu’on devoit connoitre puisqu’il fait partie de l’état major à propos de ce Vimpfen, croiras tu bien que quelques jours avant l’attaque des PRUSSIENS, il cajoloit les soldats, leur faisoit distribuer du vin et leur promettoit bien de ne pas les trahir. Le perfide !! Je reviens à CUSTINES. Je pense qu’on ne devoit jamais établir nos magasins à Vorms [WORMS], à SPIRE, à Frankendal [FRANKENTHAL] qui ne sont pas des places fortes, c’étoit à MAYENCE ou à LANDAU qu’il falloit les placer on eut pu aussi en laisser une partie à STRASBOURG. Il y a de …[ ?] ou de la trahison dans un pareil procédé, et c’est ou CUSTINES, ou le conseil executif qui est coupable. - Je pense qu’on n’auroit pas du laisser nos troupes par petits cantonnemens par petites pelotons sur les bords du Rhin. On devoit les réunir quand on a su l’arrivée des PRUSSIENS, et certes on n'a pas du ignorer cette arrivée, puisqu’on a de l’argent pour les dépenses secrettes et l’espionage.
Cependant, malgré tous ces reproches fondés, Custines n’est pas encore reconnu pour mauvais citoyen. Les soldats l’aiment (…) et cependant il ne les flatte pas. Il est très severe, c’est ce qui me plait car quand on a envie de trahir, on est indulgent et flatteur. On dit qu’il a pleuré, lorsqu’il a reconnu la trahison de WIMPFEN. L’infanterie francoise alloit être taillée en pieces par la cavalerie prussienne, CUSTINES vole à la tête des chasseurs à cheval, leur dit « Mes amis, vous voyez que mon infanterie va être ecrasée si vous ne la soutenes pas, allons, mes amis, courage, chargeons » et en même temps Custines combat avec eux. On dit aussi à la decharge de Custines, qu’il avoit donné ordre d’evacuer les magasines de SPIRE et Frankendal, mais qu’on na pas executé ses ordres. En vérité je ne sais encor que penser de lui. Il est noble, c’est un grand crime à mes yeux. Bonjour, je suis, Morel, républicain
[note :] Paraphé par nous commissaire le 1er juillet 1793 2 de la rep. fe. - [3 signatures]